Sham

Sham Spiritual Oasis, Concours d’idées, Deir Mar Musa, Syrie

Topos: mot latin signifiant « lieu »

Utopie: absence de « topos »

L’oasis spirituel est un topos utopique: un lieu clairement défini, mais organisé pour une absence de lieu. L’oasis a toujours été un lieu de regroupement, avec un fort effet fédérateur; un « ici et maintenant » au milieu d’un désert sans lieu ni temps.

Un désert est un « u-topos », un emplacement sans les attributs habituels du lieu. Son mouvement incessant, ses habitants essentiellement nomades, en font le moins topique des topos sur Terre. 

Ainsi, créer un oasis spirituel dans un désert ressemble à une tentative de séparer le lieu de sa localisation géographique.. La naissance d’un tel oasis transformerait instantanément l’utopie en un « lieu utopique ». Tandis que la forme (le topos) et le fond (l’utopie) sont inséparables dans le désert, ils deviennent soudain clairement séparés dans l’oasis spirituel.

La forme pure sans fond guide la majorité de nos actions. La société a récemment décidé de nommer de telles actions: le « divertissement ».

A l’inverse, nos actions se font parfois purement rationnelles, et trouvent un but. Et, quand c’est le cas, l’écart entre la forme de nos actions et leur motivation s’accroit. La cohérence s’amenuise au profit du seul résultat rationnel recherché.

Pourtant, nous croyons fermement que l’esprit humain n’est pas limité à ces deux seuls types de comportements, et que l’art peut parfois imposer un renouement entre le fond et la forme, le mot et son expression, le topos et l’utopie.

Dans le contexte fortement spirituel du concours, pourquoi l’architecte devrait-il encore une fois séparer le motif de la motivation? La construction elle-même ne pourrait-elle pas être un « motif motivé » – ces deux mots partageant la même racine de « mouvement »? Pourquoi ne pas réunifier le mouvement physique avec son impulsion spirituelle?

Nous pourrions appliquer un motif à travers tous les déserts du monde, pour développer un territoire extra-territorial dans le moins topique des topos que l’on puisse trouver sur Terre.

Puis, en utilisant le même motif, nous pourrions créer cet oasis, le libérant ainsi de toute obligation politique, de territoire ou de société, pour lui permettre de s’étendre.

N’y aurait-il pas véritablement meilleur lieu que celui-ci?

Mention spéciale du jury